Coupures de presse


Le projet de l'Encyclopédie de Genève, et plus particulièrement la parution de chaque volume a fait l'objet de plusieurs articles de presse. Nous en reproduisons ici quelques uns.

"Bientôt une encyclopédie en 10 volumes sur Genève" - Caroline Dallèves (1982)

"Les Genevois amoureux de leur pays auront enfin un panorama général à leur disposition, sous forme d'une encyclopédie en 10 volumes. Le premier, intitulé «Le Pays de Genève», sera lancé jeudi 14 octobre. A cette occasion, toute la population est invitée à une petite fête qui se déroulera toute l'après-midi sous l'Ancien Arsenal, 1, rue de l'Hôtel-de-Ville.
Dés 15 h., les visiteurs pourronl s'entretenir avec les auteurs, qui signeront l'ouvrage auquel ils ont collaboré; la cérémonie officielle débutera vers 17 h. 30 en présence de M. Robert Ducret. président du Conseil d'Etat, du professeur Paul Guichonnet, directeur du volume, et de Mlle Catherine Santschi. présidente de l'Association de l'Encyclopédie de Genève.
«Le Pays de Genève», c'est un mine de renseignements concernant l'assiette géographique de la région, réalisée par des archéologues, toponimistes, botanistes et spécialistes de tous les domaines. «Nous tendons aux Genevois un miroir de leur pays», explique M. Paul Guichonnet. professeur de géographie à l'Université. Ce dernier ne se fait jamais prier pour parler de Genève. Savoyard de passeport mais Genevois de coeur, i! a feuilleté avec nous les pages de ce volume, dont il assuma la direction: «Une direction pas fortement directive, précise-t-il avec un clin d'oeil: j'ai suivi le travail de mes collaborateurs, choisi les photos...».

Un village et un monde
S'il est modeste en ce qui concerne sa participation, M. Guichonnet ne tarit pas d'éloges sur le cadre naturel qu'il évoque: «La nature genevoise est belle. affirme-t-il: mais guère propice au développement d'une société. Genève a été faite par son histoire, contre sa géographie». Et de décrire son évolution. Les annales manquent-elles? Elles sont remplacées par les noms de lieu, qui montrent les étapes du peuplement depuis les origines: un peuplement de plus en plus dense, qui utilise les espaces et les transforme. La ville qui ne comptait pas 30000 habitants en I889, s'étend petit à petit; sa situation vaut mieux que son site. Dans le chapitre suivant, intitulé: «la cristallisation des frontières», le livre raconte pourquoi le destin de Genève fut différent de celui d'Annecy, ou de quelque autre petite ville provinciale. «La ville au regard presbyte » de M. Guichonnet, c'est Genève qui «saute pardessus son propre environnement - catholique - se branche sur l'internationale protestante; non sans nostalgie, d'ailleurs, ajoute le géographe; car désormais la Cité de Calvin oscillera entre deux dimensions; c'est un village et un monde, la parvullissime et l'internationale ».
A la suite d'une première partie consacrée à l'évolution de Genève, l'ouvrage nous livre quelques éclairages de la physionomie actuelle du canton, qualifiée et chiffrée. La chaise et la pêche, l'aménagement du territoire, la protection de la nature: les nouveaux encyclopédistes sympathisent-ils avec l'idéal écologiste? M. Guichonnet ne le nie pas. "L'on hérite d'un patrimoine naturel, explique-t-il en souriant. I) faut le gérer. Ce volume constitue une banque de données, dont chacun fera son profit."

Caroline Dallèves, "Bientôt une encyclopédie en dix volumes sur Genève", Journal de Genève, 9 octobre 1982, p. 23 

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"Le premier volume de l'Encyclopédie genevoise paraît demain" - Caroline Dallèves (1982)

"Il est tiré à cinq mille exemplaires.
Connaissez-vous votre Genève? SI vous en doutez, ou si vous désirez vous familiariser avec n'importe quel sujet touchant au pays de Jean-Jacques, une Encyclopédie de Genève sera désormais à votre disposition. Mardi matin, le comité de l'Encyclopédie tenait une conférence de presse, au cours de laquelle Mlle Catherine Santschi, archiviste d'Etat, et le directeur du premier volume, M. Paul Guichonet, professeur à l'Université de Genève, ont présenté le but de cette entreprise: «Creuser, rassembler, en gros et en détail, tout ce qui permet de mieux connaître les hommes et le pays de Genève, afin de montrer ce qui en fait la spécificité, la cohérence, la destinée».
Nous avons déjà évoqué le premier volume, intitulé « Le pays de Genève », dans notre édition de samedi-dimanche (9-10 octobre). Neuf autres suivront, à partir de l'automne prochain, à raison d'un volume par an; ils seront consacrés à: «La campagne genevoise)» (II). «La vie des affaires» (III), «Les institutions politiques. Judiciaires, militaires» (IV), «L'industrie, I artisanat et les arts appliqués» (V), «Les religions» (VI), «La science et l'école» (VII), «Genève et les étranger»» (VIII), «La vie quotidienne» (IX) et «les plaisirs et les jeux» (X). C'est dans l'Imagination de Mlle Catherine Santschi qu'il faut chercher l'origine de cette entreprise placée sous les auspices de la Société genevoise d'utilité publique. «Quand je suis arrivée a Genève en octobre 1966, comme archiviste d'Etat adjointe, raconte-t-elle, M. Gustave Vaucher, qui arrivait à la fin de sa carrière d'archiviste, m'a fait visiter tout le canton dans ses moindres recoins. J'ai eu le coup de foudre! J'ai pris conscience du paysage et fait la connaissance des habitants rencontrés en route. Dès lors, j'ai senti l'importante du milieu naturel et conçu l'histoire comme un chemin vers l'actualité; si l'on parle des coutumes mérovingiennes, par exemple, c'est pour savoir ce qu'il en reste aujourd'hui.»
Les auteurs des textes sont tous bénévoles - mais non amateurs; chacun fait bénéficier les ouvrages de son expérience professionnelle: professeurs à l'Université, et jeunes chercheurs, hommes d'affaires, écrivains, journalistes, fonctionnaires font part ici de leurs connaissances. La recherche des illustrations est le fruit d'une collaboration entre les auteurs et une commission iconographique formée de personnes compétentes. M, Jean Monr assume la direction photographique et M. Julien van der Wal la direction artistique.
Le tirage du premier tome se monte à 5000 exemplaires; 1000 personnes se sont déjà abonnées à la série complète. Volume I de l'Encyclopédie de Genève «Le Pays de Genève», prix de lancement; 39.- francs. Dès le 16 novembre 1982, 46 francs."

Caroline Dallèves, "Le premier volume de l'Encyclopédie genevoise paraît demain", Journal de Genève, 13 octobre 1982, p. 15

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"Tout sur le terroir d'hier et d'aujourd'hui" - Jean-Louis Amar (1983)

"Le second volume de l'Encyclopédie de Genève, qui vient de paraître, est consacré à la campagne genevoise.

Genève, ville internationale et canton urbain? Certes, mais n'oublions pas, qu'une belle campagne entoure notre ville. Les auteurs de l'Encyclopédie de Genève y ont prêté attention: ils publient aujourd'hui le second volume
intitulé «La campagne genevoise». Hier, au cours d'une partie de campagne, à laquelle la presse a été conviée, a eu lieu le lancement officiel de l'ouvrage. On remarquait la présence de M. Pierre Wellhauser, président du Conseil d'Etat et chef du Département de l'intérieur et de l'agriculture, de Mlle Catherine Santschi, archiviste d'Etat, et des nombreux auteurs de ce deuxième tome.
M. Wellhauser a souligné l'importance d'un tel ouvrage pour la vie des communes. Mlle Catherine Santschi s'est ensuite efforcée de retracer le travail de longue haleine entrepris par les auteurs pour réunir une documentation très volumineuse.
Cet ouvrage retrace avec succès l'histoire des communes genevoises, dès le Moyen-Age de leur habitants, de leurs institutions, de toutes activités manuelles et commerciales, et il s'achève sur les peintres et les écrivains qui évoquèrent le terroir genevois.
Des spécialistes d'horizons divers, des historiens, une historienne d'art, des juristes, un oenologue, un agronome, un ingénieur forestier, des archivistes etc. se sont penchés sur notre campagne. Au total 18 auteurs dont la diversité garantit à l'ouvrage la complémentarité indispensable à une fresque aussi vaste. Pourtant, une telle équipe ne pouvait fonctionner de manière satisfaisante sans M. Charles Bonnet, vigneron et archéologue cantonal, et Mme Françoise Hirsch, avocate, qui ont assurer la direction de ce second volume.
La présentation soignée, enrichie de nombreuses illustrations, cartes, graphiques et dessins, sont l'oeuvre de Julien van der Wal et de Jean Mohr. Ce dernier signe une nouvelle fois de très belles photographies de notre canton.
Ouvage de référence, source de renseignements précieuse, ce tome II de 1'Encyclopédie de Genève sera indispensable pour tous ceux qui désirent un jour ou l'autre aborder Genève et son pays. Dans cette oblique, les auteurs se sont attachés à respecter l'équilibre entre les aspects historiques, artistiques, ethnographiques et économiques du canton.
Nous voilà donc en possession d'un tableau complet du pays de Genève. Après le premier volume qui évoquait la formation et les richesses naturelles de notre contrée, le second présente ses habitants qui, pour vivre, ont dû organiser et exploiter leur environnement. Huit volumes suivront, à raison d'une publication chaque automne. L'aventure de l'Encyclopédie genevoise ne fait que débuter."

Jean-Louis Amar, "Tout sur le terroir d'hier et d'aujourd'hui", Journal de Genève, 30 septembre 1983, p. 13

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"La Campagne genevoise" - La Terre romande (1983)

"Voici le deuxième volume de l'Encyclopédie de Genève, consacré à la campagne genevoise. Beau sujet dont le directeur artistique, Julien van der Wal, et le conseiller pour la photogaphie Jean Mohr ont su tirer le meilleur parti. C'est une vaste fresque de la campagne genevoise, placée sous la direction de Charles Bonnet, vigneron et archéologue cantonal, et de Françoise Hirsch, avocate, assistés de Michel Rochaix, directeur de la Station fédérale de recherches agronomiques de Changins, ancien professeur à l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich.
Dix-huit auteurs, choisis parmi les meilleurs spécialistes, nous initient aux progrès de la technique agricole et à l'histoire des communes genevoises, du Moyen Age à l'époque actuelle; au cadre de vie et aux travaux de la campagne; aux paysages, aux oeuvres littéraires et aux chefs-d'oeuvre de la peinture qu'ils ont inspiré.
On y apprend que le rendement des cultures de blé est passé en quelque cent ans de quatre sacs récoltés pour un sac semé à une production de quarante pour un; que les vins genevois se sont à tel point améliorés au cours des trentes dernières années qu'ils se couvrent de médailles d'or dans les concours internationaux; que les maraîchers et les floriculteurs genevois alimentent les marchés de toute la Suisse; et mille autres choses encore.
Ouvrage de référence, mais en même temps d'une lecture agréable et d'une présentation superbe, "La Campagne genevoise" présente un rare équilibre entre les aspects historiques du Canton. Il compose, avec le premier volume de l'Encyclopédie de Genève, un tableau complet du Pays de Genève, sa formation, ses richesses naturelles et ce qu'en ont tiré ses habitants."

s.n., "Pour les lecteurs de la "TR": "La Campagne genevoise", La Terre romande, 08 octobre 1983, p. 17

La Terre romande, 17 sept. 1983, p. 4

La Terre romande, 24 sept. 1983, p. 24

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"Lancement en musique du troisième tome de l'Encyclopédie" - P. N. (1984)

"Rue de l'Hôtel-de-Ville, mercredi, entre les canons, la parution du troisième volume de l'Encyclopédie de Genève (la vie des affaires) a été fêtée en musique et à l'aide de ballons. M. Pierre Wellhauser, connseiller d'Etat, était présent pour rendre hommage au travail des auteurs.
Les ballons portant la mention de l'Encyclopédie ont pris leur envol sur la Treille. L'un d'entre eux était porteur d'un bon pour un ouvrage gratuit! Pour certains, la manifestation était l'occasion d'obtenir une dédicace des auteurs, parmi lesquels figuraient MM. Jean de Senarclens, docteur en droit, Jean-François Bergier, professeur d'histoire à l'EPFZ, et Marian Stepczynski, rédacteur en chef de «Dossiers publics».
«Parler de la Genève des affaires» a déclaré M. Pierre Wellhauser, «c'est parler d'aujourd'hui». Il a également rappelé et salué la participation de l'archiviste cantonale, Mme Catherine Sanischi, qui a apporté son concours à la réalisation de l'ensemble de l'œuvre.
Malgré la présence d'un petit orchestre, la fêle avait déjà un goût automnal, que la dégustation de moût genevois venait souligner. Une chose est certaine, le nouveau-né, qui vient de sortir de presse, n'est pas passé inaperçu. Et tout le monde s'est accordé pour reconnaître sa valeur et lui prêter un avenir certain."

P.N., "Lancement en musique du troisième tome de l'Encyclopédie", Journal de Genève, 11 octobre 1984, p. 22

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"Les Origines des mécanismes genevois" - Serge Bimpage (1985)

"Le quatrième volume de l'Encyclopédie de Genève présente, en trois cents pages, les Institutions du canton dans tout leur contexte historique.

Institutions politiques, judiciaires et militaires sont à la clef du quatrième volume de l'Encyclopédie de Genève. Un ouvrage attendu - comme les précédents - avec impatience et qui ne déroge pas à la belle tenue à laquelle nous a habitués le comité de l'Encyclopédie, présidé par Catherine Santschi, archiviste d'Etat.
Cette nouvelle livraison de quelque 300 pages, publiée sous la direction de Bernard Lescaze et I rançoise Hirsch (pour les textes) et par Julien van der Wal et Jean Mohr {pour la présentation et la photographie), prend l'heureux parti de présenter nos institutions dans leur épaisseur historique. Si d'aventure l'on connaît en effet les rouages des institutions de la cité de Calvin, rares sont ceux qui peuvent se vanter d'en esquisser les prémisses historiques. Prémisses qui vont chercher naturellement loin dans la domination romaine, burgonde, franque. puis dans la souveraineté de l'Empire et dans le pouvoir épiscopal. Il fallait un brin d'histoire en
début d'ouvrage, afin de remettre en perspective ensuite le statut de la terre et des personnes, l'exercice de la souveraineté et le pouvoir de ceux qui, aujourd'hui, nous gouvernent.
Ainsi apprend-on par exemple, avec en l'occurrence un intérêt enflammé par les tribulations politiques genevoises actuelles, que les pouvoirs des conseillers d'Etat se sont réduits comme une peau de chagrin depuis les années 1920. Que du véritable despotisme qui présida parfois, on est passé à une exigence de collégialité renforcée par un règlement qui dispose que nos magistrats ne peuvent se distancer publiquement d'une décision prise par la majorité de leurs collègues.
On découvre aussi quelle fut l'émergence des partis politiques que nous connaissons, leurs tribulations... et les tâtonnements de recherche d'une doctrine étrangement semblable à ceux que vécurent les formations politiques de la seconde moitié du XIXe siècle, traversées par le foisonnement des idées d'après la révolution radicale de 1847.
Un ouvrage passionant vraiment, dont l'actualité et la permanence ne font aucun doute de par l'articulation historique que nous avons évoquée, la richesse des textes {il fallait penser à présenter l'évolution du statut de la femme à Genève) et même des graphiques (qui donnent à voir la considérable augmentation du nombre des fonctionnaires de l'administration ou la complexe juridiction civile, pourtant moins rapide aujourd'hui qu'hier). Dont la parfaite mise en page nous paraît cepedant un tantinet desservie par une iconographie quelque peu désuète, classique. Ce qui ne nous empêchera nullement de suggérer ce volume comme tous ceux de la série au futur élu du Département de l'instruction publique, afin qu'il en fasse un manuel scolaire pour le plus grand profit des collégiens."

Serge Bimpage, "Les Origines des mécanismes genevois", Journal de Genève, 17 octobre 1985, p. 18

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"Les Religions à Genève" - Th. S. (1986)

"Le cinquième volume de l'Encyclopédie de Genève est plus qu'une histoire du protestantisme dans la cité de Calvin.

Un aspect de la vie de la cité vous intéresse? Vous ne connaissez pas le fonctionnement de telle ou telle institution, l'Encyclopédie de Genève sera votre plus sûr interlocuteur. A la fois documentaire, livre d'histoire, mémoire collective et ouvrage de référence, elle en est aujourd'hui à son cinquième volume avec un thème des plus actuels: les religions.
Avec 288 pages, 18 auteurs, un sujet traité de manière exhaustive sous un faible volume et à un prix des plus abordables, l'Encyclopédie de Genève semble être le résultat d'un véritable tour de force. Cinquième opus de la série (qui en comptera dix), "Les religions" frappe par sa richesse et son pluralisme. «Ce livre n'est pas l'histoire du protestantisme dans la cité de Calvin» souligne Mlle Catherine Santschi, archiviste cantonal et chef d'orchestre de I'Encyclopédie. Le sujet est traité sans parti pris confessionnel et le ton est donné d'entrée avec un chapitre décrivant toutes les communautés religieuses de Genève. Ouvrage de spécialistes mais destiné à un large public, l'Encyclopédie se veut complète et fourmillante de renseignements, sans toutefois lasser le lecteur. Une mise en page des plus soignées, une division par sujets limpide et de nombreuses illustrations rendent son utilisation facile et passionnante. L ouvrage aborde les aspects les plus divers du phénomène religieux, de la musique à l'archilecture, en passant par l'histoire et une analyse de la situation actuelle. Chaque partie, rédigée par un auteur, religieux ou laïc, est un modèle de concision et d'analyse rigoureuse. Par ailleurs, l'ouvrage est pourvu d'une biographie fournie, invitation à des recherches plus approfondies de la part du lecteur.
Symbole de l'attrait de ce volume, la conférence de présentation s'est tenue sous la cathédrale Saint-Pierre. Le site archéologique a accueilli près de 40 000 visiteurs depuis son ouverture en mai dernier. Un record qui démontre l'intérêt des Genevois pour leur histoire religieuse."

Th. S., "Les Religions à Genève", Journal de Genève, 14 octobre 1986, p. 27

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"Ecoles: Genève fait le point" - André Crettemand (1988)

"Avec la science, l'école fait l'objet du sixième volume de l'Encyclopédie genevoise, qui vient d'être présenté au château Barillet à Bourdigny.

Caser toute la Genève scientifique et scolaire dans un bouquin, la belle affaire! Mais Catherine Santschi, archiviste cantonale, et ses amis de l'Encyclopédie de Genève avaient déjà opéré la synthèse pour les religions, la campagne genevoise, le Pays de Genève, les institutions politiques ou la vie des affaires; ils n'allaient pas esquiver la science et l'école : c'est l'objet du volume 6 de l'Encyclopédie qui paraît cette semaine. Dans la série: Genève fait le point, sans bruit.
Le thème est explosif. L'école genevoise, toujours à la poursuite d'une réforme, a ses tenants et ses solides détracteurs, qui s'affrontaient il y a peu de temps encore jusqu'aux urnes. Quant à l'Université, elle note avec attention, mais aussi avec crainte, que les citoyens lui demandent de plus en plus de comptes. Tout ça bien sûr n'apparaît pas en première ligne dans «La science et l'école». Son objectif est ailleurs. «Nous devons être hors partis, éviter les polémiques, dit Catherine Santschi, en revanche, nous soulevons les questions et tant mieux si quelqu'un reprend la balle au bond sur tel ou tel sujet...». Ainsi le regard qu'elle jette avec Jean de Senarclens sur l'école d'aujourd'hui s'achève par cette constatation abrupte: «Les générations futures, qui en Occident vont se trouver noyées dans un monde de vieillards et d'immigrés du tiers monde, réclament désespérément une ou des références que les adultes, dans leur souci de neutralité, ne leur donnent pas aujourd'hui».
Place donc à l'état de la question. En trois points: l'enseignement, la recherche et la conservation des connaissances. L'Encyclopédie raconte comment Genève a résolu le problème de l'instruction, depuis Calvin jusqu'à nos jours, met en évidence la contribution des savants genevois à la science et révèle les richesses des bibliothèques. Pour brosser le tableau : une brochette impressionnante de docteurs et de professeurs, au total 18 auteurs qui, pour l'occasion, ont fait effort de vulgarisation. L'Encyclopédie se veut grand public. Vous saurez donc tout, ou presque, sur l'histoire de l'école, celle de l'Université, sur les conditions concrètes dans lesquelles la science et l'enseignement se sont développés à Genève, sur les institutions, les techniques du savoir, les sociétés savantes ou les archives.

La place de l'Université
Le chapitre consacré à l'histoire de l'école ne se contente pas de publier le portrait d'André Chavanne, chef du Département de l'instruction publique de 1961 à 1985, il consacre deux bonnes pages à l'enseignement privé. On notera aussi le coup d'oeil sur l'histoire des bâtiments scolaires genevois qui vaut tous les discours. Avec en prime, une bibliographie, précisément pour ceux qui veulent creuser un peu.
L'Université se taille une bonne part du volume. Dans la mesure où elle intervient naturellement dans l'histoire de la recherche. Les facultés sont passées en revue au gré des différentes branches de la science. C'est le professeur Jean-Marc Chappuis, récemment disparu, qui signe le chapitre «L'Université aujourd'hui et demain». «Va-t-on, écrit-il, après l'université d'élite et l'université pour tous, vers une université de masse? Dans la société de demain, le passage par l'Université deviendra-t-il la règle, et d'autres filières l'exception?» C'est Catherine Santschi qui fait te bilan de ces quelques siècles d'enseignement: «Le résultat, écrit-elle dans la conclusion, si l'on en croit les statistiques, est brillant: les études longues, la formation professionnelle sont en honneur, et toujours moins nombreux sont les jeunes gens et les jeunes filles qui terminent leur scolarité sans la perspective d'un diplôme professionnel et/ou universitaire. L'enseignement public a asservi les élèves à l'économie. Il n'a pas donné de sens à leur vie. Mais appartient-il à l'école de donner un sens à la vie?»"

André Crettemand, "Ecole: Genève fait le point", Journal de Genève, 2 novembre 1988, p. 19

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"La Longue histoire de l'industrie genevoise" - Elisabeth Chardon (1989)

"L'industrie genevoise a maintenant son histoire. Elle est inscrite dans le septième volume de l'Encyclopédie de Genève, présenté mardi à la presse dans les locaux de l'Office pour la promotion de l'industrie (OPI). L'ouvrage, publié sous la direction de Claude Raffestin, professeur à l'Université de Genève, montre l'évolution du secteur secondaire à Genève jusqu'à nos jours.
Des indienneries à la microinformatique en passant par l'horlogerie ou la chimie, on trouve au fil des pages, toutes les branches de l'artisanat et de l'industrie genevoise au cours des siècles. Le volume se divise en quatre parties, consacrées à l'énergie, aux industries, à l'artisanat et aux arts appliqués et enfin au travail industriel dans son cadre humain, architectural ou géographique.
L'Encyclopédie de Genève n'est pas un travail d'historien destiné à des historiens. Ainsi, les collaborateurs de ce volume sont souvent directement engagés dans le secteur secondaire, comme Raymond Zanone, secrétaire général de l'Union des Industriels en métallurgie (UIM), Blaise Junod, ancien directeur d'une grande entreprise de construction ou encore Roger Firmenich, ingénieur chimiste. Le résultat en est un texte d'une grande lisibilité, largement ancré dans le présent genevois.
Jean-Philippe Maître, chef de l'Economie publique, présent lors de la présentation de l'ouvrage, a tenu à lui souhaiter plein succès en espérant qu'il pourra "responsabiliser les citoyens vis-à-vis de l'industrie dont ils sont les porteurs".
A noter la remarquable iconographie, dont s'est chargé le photographe Jean Mohr."

Elisabeth Chardon, "La Longue histoire de l'industrie genevoise", Journal de Genève, 12 octobre 1989

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"Comment Genève est devenue internationale" - M. A. (1990)

"Dans le huitième volume de l'Encyclopédie de Genève, qui vient de paraître, des plumes autorisées retracent l'itinéraire de la cité de Calvin.

Saviez-vous que Calvin a contribué à faire de Genève une ville internationale? C'est en tout cas l'une des affirmations du huitième tome de l'Encyclopédie de Genève. Dirigé par Alexandre Hay, ancien président du CICR, ce volume parle géographie, histoire, économie et urbanisme. Tout un programme auquel se sont prêtés les auteurs de renom de la place genevoise
«Cet ouvrage fera date dans nos documents, car il s'agit d'un véritable outil de travail pour ce qui est de nos références historiques.» C'est en ces termes que Dominique Föllmi, président du Conseil d'Etat, présentait ce huitième tome intitulé «Genève, ville internationale». Dernier né d'un vaste projet en comprenant dix, ce volume est axé sur la lutte que Genève a dû mener pour rester indépendante au cours des âges, ainsi que sur sa tradition d'accueil face aux afflux successifs de réfugiés.
es signatures aussi célèbres que celles de Jean-Claude Tschopp ou Jean-Pierre Arn posent les jalons de révolution de la cité de Calvin. Un survol historique suivi de chapitres tels «Genève et ses hôtes» ou «Les étrangers dans l'économie genevoise» constituent la trame de l'ouvrage.
Selon Alexandre Hay, deux phénomènes centraux ont contribué à l'épanouissement international de la ville. En premier lieu, la Réforme, menée par Jean Calvin, dont la conséquence a été un afflux de réfugiés protestants. Puis, la création du CICR, qui a affirmé sur le plan mondial la vocation humanitaire de Genève. L'implantation de la Société des Nations et du Bureau international du travail au bout du lac en sont également le fruit.
Ce volume, richement illustré et très dense sur le plan rédactionnel, n'a toutefois pas pour seule ambition d'être historique et informalif. Il se propose également de fournir des «pistes de réflexion» sur l'avenir de la Genève internationale dans la dernière partie du livre. Réalisée par Charles Ricq, Charles Hussy et Catherine Samschi, respectivement professeurs à l'IUEE, à l'Université et archiviste d'Etat, cette conclusion se place dans la perspective des relations transfrontalières et de la position de Genève face à l'Europe des régions."

M. A., "Comment Genève est devenue internationale", Journal de Genève, 20 octobre 1990, p. 26

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"Un idéal calviniste revient à la mode" - Brigitte Sion (1992)

"Selon le 9e tome de l'Encyclopédie, l'idéal d'une vie frugale et saine refait surface au bout du lac.

D'un côté, l'image caricaturale du calviniste un peu austère, de l'autre, une ville internationale, melting pot fin de siècle, à l'étroit dans son territoire: Genève oscille entre ces deux pôles. Le titre un peu flou du neuvième tome de l'Encyclopédie de Genève - «l'art de vivre» - permet de réunir un éventail de contributions, très varié sur la société genevoise et son évolution. De l'urbanisme à l'habillement, en passant par l'alimentation et la télévision.
D'après l'étude sociologique approfondie de Christian Lalive d'Epinay, la part des étrangers a doublé depuis 1950, pour atteindre les 40% aujourd'hui. Ce chiffre élevé est dû à une particularité genevoise: la population de notre canton est insuffisante à satisfaire les besoins du marché du travail. Mais depuis quelques années, le spectre du chômage a reparu, et la Suisse en général ne peut plus se vanter d'être un Sonderfall en la matière. Genève en sait quelque chose: avec 6,18% de chômeurs (soit plus de 11 000 personnes) en octobre 1992, c'est l'une des régions les plus touchées. La période des vaches maigres après les joies de l'abondance...
L'expression «l'art de vivre» trouve tout son sens dans l'enquête de Catherine Santschi sur l'alimentation des Genevois. Ainsi, on apprend avec amusement qu'il était interdit, au XVIe siècle, de banqueter le mercredi, «jour consacré à la prière». Aujourd'hui, la tendance est plutôt au régime végétarien, aux weight watchers et à la méthode Kousmine. Ce qui n'empêche pas Genève de compter un joli nombre de restaurants gastronomiques.
L'art de vivre concerne également le domaine de la santé. Pourquoi trouve-t-on tant de psychiatres (130) à Genève? Les médecins ne souffriront-ils pas un jour d'une pénurie de patients? Pourquoi Genève a-t-elle le nombre de cas de sida le plus élevé de Suisse? Quelle est la politique cantonale en matière de toxicomanie? Ces questions d'une actualité brûlante amènent Françoise Blaser à des conclusions riches et souvent piquantes: «la santé, ça n'a pas de prix, mais cela s'achète». Au prix fort.
Quant à l'architecture genevoise, elle a souvent été considérée comme «pâle, terne, monotone, ennuyeuse». Retenue et discrétion en sont les mots d'ordre. Pourtant, on remarque depuis quelque temps des constructions plus inventives, plus audacieuses, complément nécessaire à la discipline architectural: la maison des Schtroumpfs, la Caisse d'Epargne, Uni-Dufour, le nouveau collège Calvin.
Ce volume contient également d'intéressantes contributions sur l'automobile et la circulation, les parcs et l'environnement, le travail et les loisirs, de manière à couvrir à la fois les structures sociales, le cadre matériel et la sphère privée. Bref, un passionnant recensement de nos petites habitudes et un portrait détaillé de notre cadre de vie.
Quel avenir pour Genève et sa population? L'idéal calviniste d'une vie frugale et saine revient à la mode à travers l'alimentation, les loisirs, l'habillement, les professions de la santé. Dans le même temps, la crise économique et les préoccupations écologiques vont donner du pain sur la planche à la prochaine génération de Genevois, qui devra repenser les notions de croissance, de production, de rendement dans une perspective environnementale et financé."

Brigitte Sion, "Un idéal calviniste revient à la mode", Journal de Genève, 7 novembre 1992, p. 22

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"L'Encyclopédie de Genève, point final" - ATS (1994)

"Un dixième volume clôt la collection lancée il y a passé dix ans. Dernier chapitre: les plaisirs et les arts.

Le dixième et dernier volume de l'Encyclopédie de Genève est sorti de presse mardi. Ce livre de quatre cents pages constitue l'aboutissement d'une entreprise commencée il y plus de dix ans. L'aventure avait été commencée sous l'impulsion de Catherine Santschi, l'actuelle responsable des Archives d'Etat du canton de Genève. Le dernier tome de l'Encyclopédie est consacré aux plaisirs et aux arts. Un sujet un brin provocateur pour Genève, ville que l'on dit trop vite estampillée du sceau de la rigueur calviniste, que certains croient encore souvent considérée comme froide et austère. La réalité doit être nuancée, bien que l'ombre du grand réformateur français plane sur le dixième tome. Les plaisirs liés à l'art ont bien leur place dans la Genève calviniste, est persuadée Mme Santschi. La Réforme a exercé une influence sur les arts, mais n'a pas empêché ceux-ci de s'épanouir. Le volume passe en revue toute la vie artistique du canton de Genève, de la musique aux arts plastiques, en passant par la littérature et le théâtre. L'idée d'une encyclopédie consacrée au canton de Genève avait germé en 1979. Le premier volume était sorti de presse en 1982. La parution du dernier volume est l'aboutissement d'une œuvre magnifique, source inestimable d'informations, a déclaré le conseiller d'Etat Olivier Vodoz, chef du Département des finances. «Pour se lancer dans cette aventure, il faut une certaine dose d'inconscience», a admis Mme Santschi. Elle a remercié les centaines de bénévoles qui ont participé à la rédaction et à l'élaboration de l'encyclopédie. «Une des clefs de ce succès aura été de disposer d'une équipe de boy-scouts, qui souhaitaient faire quelque chose pour la cité», a-t-elle ajouté."

ATS, "L'Encyclopédie de Genève, point final", Le Nouveau quotidien, 19 octobre 1994, p. 21

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"L'Encyclopédie de Genève: une aventure de patriotes" - Elisabeth Chardon (1994)

"Le tome X de l'Encyclopédie de Genève vient de paraître. C'est la fin d'une aventure éditoriale de quinze ans, menée par une équipe que Catherine Santschi, Madame Encyclopédie, qualifie elle-même de patriotes. L'archiviste d'Etat présentait hier ce dernier volume, consacré aux plaisirs et aux arts. Une «défense et illustration» de la culture genevoise menée par une pléiade d'auteurs, en 400 pages, ce qui fait de cet ouvrage le plus épais de la série.
Pour l'Encyclopédie de Genève, les plaisirs et les arts se divisent en cinq rubriques. Dans la première partie, comme l'a fait remarquer Mme Santschi, c'est «un bon calviniste», Jean de Senarclens, secrétaire général de l'Encyclopédie, qui a effectué le parcours festif de vogues en commémorations de l'Escalade. Pour les arts de la scène, le théâtre se taille la part du lion grâce à Daniel Jeannet, directeur du Centre culturel suisse à Paris. Et les Marionnettes de Genève ont droit à un traitement de faveur, avec un chapitre entier, écrit par leur ancienne directrice.
La musique, objet de la deuxième partie, se décline dans tous les genres, de la «musique sérieuse» au rock. Doris Jakubec, directrice du Centre de recherche sur les lettres romandes, propose un «voyage au pays des chimères», petite histoire littéraire accompagnée par ailleurs de chapitres sur la poésie et sur la bande dessinée.
Les arts plastiques mettent en vedette Ferdinand Hodler. La cinquième partie s'intéresse aux lieux, théâtres, musées ou cinémas. Catherine Santschi conclut en réexaminant le poids du passé calviniste sur l'art genevois. La question sera encore à l'honneur lors de la fête prévue autour de la sortie de l'ouvrage le 5 novembre à la Maison des arts du Grütli. Un événement parrainé par notre journal."

Elisabeth Chardon, "L'Encyclopédie de Genève: une aventure de patriote", Journal de Genève, 19 octobre 1994, p. 23

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"La Culture pour le dessert" - Isabelle Martin (1994)

"Avec un dixième volume de 400 pages sur les arts, la vaste entreprise collective qu'est l'Encyclopédie de Genève touche à sa fin en beauté. Et non sans surprise.

Au moment d'évoquer, dans La Suisse ou l'Histoire d'un peuple heureux, le climat de culture dans lequel vit notre pays, Denis de Rougemont s'interrogeait: «Comment retrouver la vision fraîche, le pouvoir d'étonnement, et cette distance surtout, qui excitent à la découverte?» Cette vision fraîche, c'est bien ce que le lecteur attend de chacun des vingt-cinq auteurs du dixième volume de l'Encyclopédie de Genève justement consacré à la culture.
En la matière, si le savoir est une condition première, il ne suffit pas. Faire partager ses connaissances est un art, lié au goût de surprendre, de séduire, de convaincre. Certains y parviennent mieux que d'autres, comme Daniel Jeannet qui retrace l'histoire du théâtre en multipliant rapprochements inattendus et filiations souterraines, ou comme Denis Jakubec qui privilégie les points de vue thématiques originaux pour évoquer les grande noms de la littérature. Ces deux contributions majeures ne sont heureusement pas des exceptions, bien que quelques auteurs se contentent, eux, de tricoter un texte convenu en alignant noms et dates, sans dégager de perspective autre que chronologique.

Calvin et les pasteurs
Pas question de résumer ici un panorama culturel de cette envergure. Son intérêt majeur réside d'ailleurs en ce qu'il amène le lecteur non pas tant à vérifier ce qu'il sait déjà qu'à se poser des questions et à revoir quelques idées reçues. Par exemple sur la préférence affirmée des Genevois pour la musique, au détriment du théâtre ou des arts plastiques, dans laquelle on croit voir une influence directe de Calvin. Or ce dernier n'a nullement proscrit le théâtre, mais il a trouvé plus calviniste que lui chez certains membres de la Compagnie des pasteurs: en témoigne, en 1546, une vive polémique autour d'un spectacle sur les Actes des apôtres. Reste que nous sommes sans doute bien grâce à la Réforme, comme le constate Daniel Jeannet, pédagogues avant d'être artistes. On notera cependant que si la musique est l'art le plus naturellement lié au calvinisme, ce lien n'a guère contribué à développer la vie musicale dans une ville qui faisait, jusqu'à la fin du siècle dernier, figure de friche - ce qu'on a aujourd'hui grand-peine à imagincr. On doit sa spectaculaire floraison musicale aux talents d'animateur, de professeur et de chef d'orchestre du compositeur bavarois Hugo de Senger (1835-1892), venu s'établir dans nos murs en 1869.

De l'âge d'or aux rendez-vous manqués
Une république comme Genève est-elle trop petite pour prétendre développer sinon un grand art, du moins un art de qualité? Voilà bien encore une idée fausse! Voyez plutôt le Grand Théâtre, qui ne propose certes pas d'œuvres en création car le public d'opéra est «le plus incurieux des publics» (Pierre Michot dixit), mais qui a bâti sa réputation sur des représentations d'une valeur constante. Ou voyez la situation des arts plastiques qui bénéficient aujourd'hui d'une école et d'un milieu, d'un public et de collectionneurs, d'institutions et de mécènes, de bourses et de prix, de galeries et de musées (même si l'Encyclopédie passe comme chat sur braise sur son dernier-né, le Mamco, pas plus cité que le Musée de la Croix-Rouge dans le chapitre «Des temples pour l'art»): tout cela, dans le domaine de la création, ne devrait pas tarder à produire des fruits peut-être moins secs que le «néo-géo», spécialité genevoise selon Claude Ritschard.
Mais suffit-il que les conditions nécessaires à l'éclosion d'un nouvel âge d'or soient remplies pour que celui-ci naisse? Et que faut-il pour qu'il perdure? La question vient immanquablement à l'esprit du lecteur car Genève a déjà connu plusieurs âges d'or, si l'on considère les différents domaines artistiques dans lesquels elle s'est illustrée. Des dates, non exhaustives? Pour la bande dessinée, ce serat bien sûr les années 1830 avec son inventeur, le génial et plaisant Töpffer, mais aussi les années 1970-80 avec l'apparition en forte de Gos, Ceppi, Poussin, Ab'Aigre, Aloys suivis d'Exem, Buche, Zep et autres compères.

Audaces graphiques
Pour l'affiche, le tournant du siècle avec les audaces graphiques de Forestier et Viollier. L'influence de l'Ecole genevoise de critique littéraire, attentive à !a langue et au style autant qu'à la rigueur du discours, s'exerce dès le milieu des années trente, avec Marcel Raymond, Albert Béguin, Jean Roussel, Jean Starobinski. Côté cinéma, à nouveau les années 1970 avec les contestataires du Groupe 5, formé de Tanner, Goretta, Soutter, Roy et Lagrange: Charles mort ou vif, L'Invitation, Les Arpenteurs, L'Inconnu de Shandigor, ces titres et d'autres sont dans toutes les mémoires.
Après l'âge d'or, les rendez-vous manqués: en 1914, Genève n'a pas su faire fructifier la rencontre d'Emile Jaques-Dalcroze et d'Adolphe Appia, c'est-à-dire du théâtre populaire suisse et de l'avant-garde scénique. Comme elle n'a su retenir en ses murs ni le génial couple des Pitoëff, mieux fait pour Paris que pour Carouge où ils ont pourtant monté septante spectacles en sept ans sans arriver à joindre les deux bouts; ni le photographe allemand Christian Schad, qui va faire souffler ailleurs l'esprit dada de ses photogrammes. On se rappelle la boutade de Denis de Rougemont disant que le grand homme avait en Suisse trois possibilités: passer inaperçu, se rendre utile ou s'exiler. Pour Genève, ces trois attitudes sont illustrées par Amiel, Piaget, Rousseau, et l'on pourrait sans difficulté multiplier les exemples.

Quelques questions
On voit par ces aperçus transversaux combien la matière brassée par l'Encyclopédie est riche et met tour à tour en branle chez le lecteur la curiosité, l'enthousiasme, la réflexion. Qu'on nous permette cependant quelques observations critiques. Elles touchent à certaines disparités, non pas dans la variété des points de vue, souvent instructive, mais dans le traitement de la matière: on s'étonnera ainsi de la place génèreusement accordée au théâtre de marionnettes (bizarrement présenté par... son ex-directrice), eu égard à la portion congrue réservée à Am Stram Gram, qui joue depuis vingt ans un rôle au moins aussi important pour la formation du jeune public. Les aspects sociologiques sont inégalement traités par les auteurs (mais ont-ils reçu le même mandat?): parfaitement présentés pour ce qui concerne l'opéra, le cinéma, le rock, le jazz, la bande dessinée, la photo, les arts plastiques, ils n'apparaissent guère dans d'autres rubriques et font totalement défaut en matière de diffusion et de réception de la littérature.

Un peu désuet
On ignore ainsi tout à fait qui publie les livres de nos auteurs, comme si le métier d'éditeur n'existait pas! Et ce ne sont pas les vingt lignes énumératives qui leur sont accordées dans le tome 7 de l'Encyclopédie, au chapitre du papier et des arts graphiques, qui combleront cette grave lacune. Rien non plus sur les manifestations et les prix littéraires genevois, pourtant généreux (Lipp, Pittard de l'Andelyn, etc). Dans la réalisation même de l'ouvrage, le recours à un éditeur professionnel aurait peut-être évité quelques erreurs (le rire du Valaisan Jean-Luc Benoziglio ne doit strictement rien à Genève et Les Petites ironies de la vie ne sont pas de Dickens mais de Thomas Hardy) ou corrigé l'insigne pauvreté de quelques légendes, de même que l'absence d'encarts, de citations, de tableaux comparatifs (toutes choses qui font la richesse de L'Encyclopédie vaudoise conçue par Bertil Galland).
D'une manière plus générale enfin, il n'est pas certain que tout le monde se retrouve dans la vision un peu désuète qui nous est proposée de l'art comme recherche du Beau. La culture ne devrait-elle être qu'une sorte de plaisir idéal et gratuit? Et la référence au calvinisme continue-t-elle d'être pertinente aujourd'hui? Voilà des questions qui ne manqueront probablement pas d'être discutées lors du débat organisé pour fêter la parution de ce tome 10 (lire au verso), dont la lecture reste toutefois indispensable."

Isabelle Martin, "La Culture pour le dessert", Journal de Genève, 29 octobre 1994, p. 19

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"Esprit calviniste, où es-tu?" - Thierry Mertenat (1994)

"Deux noms se retrouvent au départ et à l'arrivée de l'Encyclopédie: Catherine Santschi, sa directrice, et Jean de Senarclens, son secrétaire général. Ensemble, ils conjuguent les trois vertus indispensables à la bonne marche d'une telle entreprise: la ténacité, la méfiance et, bien sûr, l'esprit encyclopédique. Rencontre.

Inutile de présenter Catherine Santschi aux habitués des Archives cantonales. Tous savent qu'au cœur de la Vieille-Ville, quelques mètres à peine au-dessus des célèbres canons, vit et travaille «un mauvais esprit», comme se qualifie elle-même l'impitoyable archiviste. Depuis bientôt quinze ans, elle assume sans états d'âme sa réputation de dame de fer, tirant le meilleur parti du sang bernois qui coule dans ses veines. Par atavisme, la directrice de l'Encyclopédie a ainsi hérité de deux vertus cardinales qu'elle juge nécessaires à la conduite d'une telle entreprise: la ténacité et la méfiance. Elle avoue en revanche ne pas être habitée par la fibre encyclopédique. >Elle laisse volontiers à Jean de Senarclens le soin de cultiver cette troisième vertu. Pas étonnant alors que les deux noms se retrouvent à l'origine et à l'arrivée de cette publication au long cours. Dont Catherine Santschi révèle ici, avant de retourner à ses recherches personnelles sur les ermites, quelques secrets de fabrication.

- L'édition genevoiie es curieusement absente de ce dernier volume. Est-ce à dire qu'à Genève les livres naissent du néant et qu'ils n'ont pas leur place dans le paysage culturel?
- Catherine Santschi: Vous êtes doublement injuste. Albert Py rend hommage, dans son article sur la poésie, aux courageux éditeurs - ils sont de plus en plus rares - qui continuent à publier les poètes aujourd'hui. Et nous avons traité dans le volume VII, consacré notamment aux arts appliqués, les problèmes de l'édition en général. Car problème il y a effectivement; j'en suis la première convaincue pour avoir dû mener à bien, quinze ans durant, une entreprise éditoriale dans une ville qui est loin d'offrir les mêmes possibilités que celles dont disposent les Vaudois par exemple. Vous ne trouverez ici personne qui fasse encore de la reliure industrielle. C'est la raison pour laquelle nous avons été contraints de passer par Maycr et Soutter à Lausanne.

- La canton de Vaud n'est pas seulement riche en éditeurs de talent. II a aussi "son" encyclopédie, à laquelle d'ailleurs vous avez collaboré. Au-delà de leurs différences cantonales, en quoi ces deux publications se distinguent-elles l'une de l'autre?
- J'ai effectivement collaboré à l'Encyclopédie illustrée du Pays de Vaud en signant un article sur le Moyen Age. Le sommaire de l'ouvrage s'est élaboré à partir des disciplines scolaires et académiques (géographie, histoire économique, etc.), alors que le nôtre se veut es sentiellement thématique, ordonné autour des activités humaines apparues à Genève au fil des siècles. Une telle démarche rendait possible des approches originales, que l'on ne trouve nulle part ailleurs; je pense en particulier au passionnant article sur l'architecture des usines, paru dans le volume VII, ou celui de Daniel Jeannet sur le théâtre qui nous oblige, et c'est tant mieux, à certaines révisions. A mes yeux, une encyclopédie est d'abord un ouvrage collectif. De son côté, Bertil Galland a pris soin de réécrire la totalité des textes publiés. C'est un parti pris éditorial que je respecte mais qui n'est pas le mien. Il est vrai que les Vaudois sont plus disciplinés. Je me suis contentée pour ma part de négocier avec les auteurs certaines modifications de forme.

- Les auteurs semblent avoir joui d'une grande liberté en matière de chronologie. Certains la respectent, d'autres s'amusent à la renverser. Quels étaient au juste les consignes d'écriture?
- Dés le départ nous nous étions mis d'accord sur un objectif principal: montrer aux gens ce qu'ils ont sous les pieds, et non pas faire un récit historique de plus. Il y a suffisamment d'historiens pour cela. Ils sont contents quand ils vendent 400 exemplaires. Moi pas. Le public qui nous lit attend autre chose. Pour autant, il vit avec un cadre chronologique présent à l'esprit. La chose est désormais admise: il n'y a pas que les gens d'Eglise qui sont susceptibles de situer les événements par rapport à la naissance du Christ. Philosophiquement, je sais bien que je suis ce que mes parents ont voulu que je sois. Les provocations du passé m'aident à mieux comprendre ma vie présente, même s'il n'est pas toujours facile de maîtriser les longues durées.

- Vous n'avez pas hésité, dans votre chapitre sur l'alimentation, paru dans le précédent volume, à remonter jusqu'à la période néolithique. N'est-ce pas un peu loin tout de même?
- Non, si l'on considère que la nourriture a toujours été fondamentale. £n analysant les pollens, on peut savoir avec précision ce que les gens mangeaient. Cela donne envie de traiter les questions alimentaires dans la très longue durée. Même si on oublie en route, comme je l'ai fait, de parler de la pomme de terre, il paraît que les Genevois ont eu de la peine à s'y mettre lorsqu'elle a été Introduite au XVIÏÏe siècle.

- Leur résistance a-t-elle quelque chose à voir avec l'esprit calviniste?
- Que n'a-t-on dit et écrit de bêtises sur ce fameux esprit calviniste! Il affleure en maints endroits de ce dixième volume de l'Encyclopédie. Mais précisément comme un objet de débat et de connaissance. De plus en plus nombreux sont les gens qui parlent de Calvin sans jamais l'avoir lu. Or, ceux-là même qui le condamnent sans appel se gardent bien de revenir aux textes, que seuls étudient encore quelques rares spécialistes de la Faculté de théologie.

- A qui faut-il alors imputer la responsabilité de cette progressive dégradation de l'image et Calvin dont Genève continue à faire les frais?
- A ses successeurs. N'accusons pas Théodore de Bèze qui, en bon théologien et diplomate qu'il fut, a su gérer au mieux l'héritage. C'est après que les choses se sont gâtées. Des bavards et des médiocres se sont emparés à leur tour du calvinisme, au point de le caricaturer à l'extrême. Le XIXe siècle n'a rien arrangé à l'affaire: il a contribué au contraire à sédimenter une image partielle du Moyen Age. Lorsque les archives se sont ouvertes aux historiens, ceux-ci n'ont pas réalisé qu'elles ne contenaient que des documents de droit, d'économie et d'administration. Des documents certes importants, mais qui à eux seuls ne pouvaient donner une image complète et nuancée de la société médiévale.

- Sur ce plan, la recherche encyclopédique offre-t-elle un meilleur exemple dans l'exploitation des archives?
- Dans la mesure où les auteurs se sont risqués à les citer ou à me demander du matériel, oui. On a pu ainsi corriger certaines erreurs d'interprétation. Quand Daniel Jeannet a entrepris son travail, il nous a priés de tirer au clair la question de l'interdiction du théâtre à Genève. Le registre du Conseil datant des années 1730 est beaucoup moins catégorique qu'on ne l'imaginait jusqu'ici. Encore fallait-il se donner la peine de le consulter. On y lit non pas que le théâtre est interdit, mais qu'il «n'est pas dans nos moeurs». Ce qui n'est pas la même chose. Genève avait en réalité préféré ne pas accueillir dans ses murs une troupe de comédiens français. Manière politique de contourner le problème: on vivait alors dans la terreur du résident de France bien plus que du théâtre!

- Les ploisirs et les arts semblent inséparables à Genève si l'on en croit le titre retenu pour ce dernier volume. Doit-on en conclure que l'esprit festif règne sans partage sur la ville de Calvin?
- Des fêtes religieuses existaient déjà à l'époque ancienne, même si elles étaient en nombre limité; on n'avait pas congé à Noël par exemple. Je suis frappée par ces grandes kermesses que l'on organise encore aujourd'hui pour la restauration de la cathédrale Saint-Pierre ou, plus récemment, pour celle du temple de Saint-Gervais. Il est vrai que la fête, en l'occurrence, a d'abord un caractère utilitaire. Quant à se réjouir sans mélange, j'ai bien peur que ce ne soit pas le fait des Genevois."

Thierry Mertenat, "Esprit calviniste, où es-tu?", Journal de Genève, 29 octobre 1994, p. 20

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"L'Encyclopédie de Genève conclut en musique" - Jean-Jacques Marteau (1996)

"Le onzième et dernier volume sort de presse. Un CD le complète avec un florilège d'enregistrement: de la Clémence à Denis de Rougemont, en passant par Michel Simon.

La série est maintenant complète: l'Encyclopédie de Genève vient de publier son onzième et dernier volume, "Index général et tableau chronologique". Si la table chronologique ne manque pas d'intérêt, avec ses pages d'évènements de l'Histoire de Genève, en parallèle avec ceux de l'Histoire suisse et générale, la partie la plus attrayante et étonnante est la section... sonore.

Florilège sonore de vingt-sept enregistrement
Ce onzième tome est en effet accompagné d'un CD contenant un véritable florilège sonore, formé de vingt-sept enregistrement, dont le premier et le dernier sont réservés à la voix de Genève, la Clémence. On y trouve un extrait du discours du président du Grand Conseil, Pierre Guinand, la "Marche genevoise en fa majeur", "Les empros de Genève" par Emile Jaques-Dalcroze, un passage de René-Louis Piachaud, une répétition de la Boîte à joujoux de Debussy, dirigée par Ernest Ansermet, une séquence de Boudu sauvé des eaux, Jean-Jacques Rousseau, par le pasteur Henry Babel, Denis de Rougemont et les Rencontres de Genève, etc.

Premier volume en 1982
C'est en 1979 que Catherine Santschi, l'actuelle archiviste d'Etat, fonde et préside le comité pour l'Encyclopédie de Genève, entourée de Jean de Senarclens, conseiller juridique, et de Charles Bonnet, notre archéologue cantonal.
Quelques temps après, deux nouvelles personnalités rejoindront le comité, Claude Demole, banquier, et Michel Rochaix, ancien directeur de la Station fédérale de Changins. Le premier volume, "Le Pays de Genève", sort en 1982. "Le destin singulier d'une métropole d'importance internationale qui s'est faite par l'histoire et contre la géographie."
Les autres suivent au rythme d'un à deux par an: "La campagne genevoise" (II), "La vie des affaires" (III), "Les religions" (IV), "La science et l'école" (V), "L'industrie, l'artisanat et les arts appliqués" (VII), "Genève, ville internationale" (VIII), "L'art de vivre" (IX) et "Les plaisirs et les arts" (X) paru en 1994.

Prix de souscription
Le prix de souscription, pour le onzième volume, est de 25 fr., 45 fr. avec son CD (50 fr. et 30 fr. dès sa sortie au début juin).
Les dix autres volumes peuvent encore être achetés, sauf le n° 3, devenu rare. On peut cependant l'obtenir avec le reste de l'Encyclopédie pour 564 fr. (11 volumes et CD)."

Jean-Jacques Marteau, "L'Encyclopédie de Genève conclut en musique", Tribune de Genève, 20 mai 1996

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"L'Encyclopédie, à la fois miroir et mémoire de Genève" - Marco Gregori (1996)

"Commencée il y a dix-sept ans, l'Encyclopédie de Genève est enfin achevée. Onze volume qui raconte le passé et le présent des Genevois.

"Diderot et d`Alembert auront mis vingt et un ans pour achever leur encyclopédie en dix-sept volumes. Catherine Santschi et Jean de Senarcclens quatre de moins pour l'Encyclopédie de Genève en onze tomes, dont le dernier - l'index général - vient de paraître. A première vue, la comparaison entre une œuvre du XVIIIe siècle à l'ambition universaliste et celle contemporaine consacrée à une si petite cité telle que Genève pourrait sembler incongrue. Il n`empêche que, dans un cas comme dans l'autre, ce ne sont pas moins de 150 savants, historiens ou spécialistes qui y ont collaboré. Pour l'ouvrage genevois, cela représente plus qu'un succès d'estime.
Et pourtant, lorsqu'en 1979, s'est créée l'Association de l'Encyclopédie de Genève, le pari apparaissait, aux yeux de ceux qui savent, quasi impossible. Catherine Santschi, présidente de l'Association de l'Encyclopédie de Genève et directrice des Archives d'Etat, se souvient des réactions de l'époque qui lui prédisaient un fiasco. Dix-sept ans plus tard, les esprits chagrins auront déchanté, tant l'Encyclopédie force le respect.

Le passé miroir du présent
L'ambition de départ - «se faire une idée de la vie à Genève avec son épaisseur historique››, ainsi que le rappelle Mme Santschi - a été largement atteinte. Ce que l'on perçoit tout au long des trois mille pages de l'ouvrage donne une image assez précise de ce qu'a été et est Genève. C'est d'ailleurs un des fils conducteurs de l'Encyclopédie: utiliser le passé comme miroir du présent.
Avant de parvenir à ce résultat, il a fallu briser un certain nombre de tabous. Pour une Bernoise, ayant un fort accent vaudois, même avec un doctorat en histoire, ce n`était pas une mince affaire. D'autant plus lorsque l'on s'attaque à l'historiographie officielle véhiculée par les descendants des familles patriciennes genevoises. Des descendants pour qui l'histoire de Genève se résume, la plupart du temps, à des images d'Epinal: la Réforme, l'Escalade, la Restauration et la Croix-Rouge.

Qui a lu Calvin?
Avec ce type de personnalités, Catherine Santschi n'est pas tendre: «Pour eux, avant la Réforme, il n'y avait rien. Mais savent-ils que les couvents dominicains étaient déjà pleins de docteurs en théologie? Et combien sont-ils à invoquer de manière presque incantatoire l'héritage de Calvin sans en avoir jamais lu une ligne?››
Alors, lorsque quelqu'un s'intéresse également à ce qui s'est passé à l'exterieur des enceintes de la cité blottie contre sa cathédrale et, surtout, essaie de montrer autre chose que l'histoire mythifiée, telle qu'on l'apprend dans les manuels scolaires, cela peut provoquer des grincements de dents. Mais pour Mme Santschi, le jeu en valait la chandelle: «Le tome 2 a révélé la campagne aux Genevois. A l'époque, ils pensaient que Genève n'était qu'une ville enfermée dans ses murs et entourée de jardins».
«Révélation». Le mot prend tout son sens lorsque l'on sait que les «encyclopédistes» tenaient absolument à rendre leur œuvre accessible au grand public. «Il existe un fossé entre les travaux d'érudits et la perception qu'en a la population, explique Catherine Santschi. Les premiers ne travaillent que pour eux et pour leurs congénères, les seconds ont du mal à percevoir l'utilité de la recherche››. Il s'agissait donc de combler cet écart, tout en conciliant vulgarisation et approche scientifique.
«Peu à peu, se souvient l'archiviste, tout le monde a joué le jeu». Une évolution perceptible tout au long des volumes: le premier, publié en 1982, ne fait que 192 pages, le dixième 400. Une oeuvre imposante qui, si elle a aidé Catherine Santschi à approfondir sa connaissance de l'histoire de Genève, lui a surtout permis de se faire une idée assez précise de la mentalité de ses habitants. «Je suis convaincue qu'aucune autorité n'arrivera à s'imposer dans cette ville. Les Genevois sont trop indisciplinés et ils arrivent difficilement à se mobiliser tous ensemble pour un but commun», dit-elle.
Partie du passé, pour illustrer le présent, l'Encyclopédie a été réalisée à une époque charnière, voire révolue. «Elle est le fruit de la croissance économique, estime sa conceptrice. Désormais, on bascule dans un autre monde. En ce sens, l'Encyclopédie de Genève est également le témoignage de quelque chose qui n'existera plus»."

Marco Gregori"L'Encyclopédie, à la fois miroir et mémoire de Genève", Le Courrier, 25-27 mai 1996

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Le Gniolu

ENCYCLOPEDIQUE
Pour saluer la parution du troisième volume de l'Encyclopédie de Genève, par ailleurs fort bien faite et intéressante, les responsables de cette série ont eu l'idée, louable en soi, de faire de la publicité sous forme d'autocollant. On y voit un personnage, portant épée au côté, perruque et chapeau à plumes utiliser une sorte de compas sur une feuille aux couleurs genevoises, avec pour légende: J'aime Genève, je lis l'Encyclopédie.
Cet autocollant est distribué dans un étui qui porte ce texte admirable: Veuillez placer cet autocollant sur votre véhicule. Il ne vous rapportera pas 100 fr., mais beaucoup plus: la réputation d'une personne cultivée. Bigre! Indépendamment du fait que l'allusion à l'autocollant de GHI n'est guère aimable, ce dont nous ne faisons pas cas, d'ailleurs, c'est la seconde affirmation qui nous laisse rêveur. Ainsi donc, il suffira d'arborer un macaron pour acquérir, d'un seul coup, la réputation d'une personne cultivée! C'est promis. Nous avons retenu la leçon et, dès demain, nous allons garnir notre véhicule des autocollants suivants: Moi, je skie à Colombey-les-Deux-Tire-Fesse pour être comparé à Stenmark; Hop Servette! pour avoir le shoot de Marc Schmyder; Je vote Vigilance pour être pris pour la Sentinelle des Rangiers et Protègez nos forêts pour passer pour Robin des Bois. Une véritable encyclopédie de l'autocollant..."